Sur Twitter, beaucoup de professionnels utilisent une tactique qui va à l'encontre des principes élémentaires du marketing. Je parle bien entendu de la pratique qui consiste à s'abonner à un profil Twitter, attendre quelques jours que le propriétaire du profil s'abonne en retour, puis stopper en douce l'abonnement (unfollower en jargon Twitter).
Pourquoi agir ainsi ? Tout simplement pour donner l'illusion d'une pseudo notoriété. En effet, une célébrité, par exemple Roger Federer, génère facilement de nombreux abonnés sans avoir besoin de suivre beaucoup de monde. On parle d'un bon ratio abonnements/abonnés. L'amélioration à tout prix de ce ratio est un objectif très enfantin: j'ai plus d'amis que toi ou de fans, etc. Mais le manque d'attention est certainement le talon d'Achilles des réseaux sociaux et avoir une audience qui ne vous lit pas n'apporte aucun bénéfice réel. D'autant plus que cette stratégie doit être constamment répétée pour ne pas voir s'éroder son nombre d'abonnés. De plus, quelle première impression donne une entreprise qui truande ses abonnés sur Twitter ? Une simple recherche sur l'e-réputation des profils Twitter le montre: de nombreuses victimes écrivent rageusement des Tweets vengeurs du type: X m'a unfollowé (sic). Unfollower est tellement mal perçu que certains n'hésitent pas à l'utiliser comme mesure de représailles. Notez qu'il faut quand même bien commencer par follower ceux qu'on aime pas, ce qui est piquant lorsqu'on connait le sens de follower en anglais (Platon était un follower de Socrate).
Unfollower est devenu une mesure de représailles !
Pour en revenir à ce fameux ratio, Twitter l'utilise pour limiter les abonnements sans réciprocité, afin de diminuer le spam. Au-delà de 5'000 abonnés, un équilibre doit être maintenu entre le nombre d'abonnements et d'abonnés. Mais cette limite n'empêche pas d'avoir un grand nombre d'abonnés. Voir par exemple le compte Twitter du guide de voyages Lonely Planet qui suit en retour une grande partie de ses abonnés alors que sa renommée ne l'oblige pas à le faire. Personne ne pense réellement que Lonely Planet lit chaque tweet de ses 500'000 abonnements. D'un point de vue pratique, comme le permet Twitter, des listes ont été créées pour effectuer une veille des tweets de certains utilisateurs seulement (staff, auteurs, etc.). Mais au final, un abonné suivi se sent flatté et une réputation se construit comme dans la vraie vie par l'attention portée à ces petits détails et par un certain respect accordé aux personnes qui s'intéressent à la marque. Bien entendu, je ne suis pas en train de dire que la meilleure stratégie est de suivre chaque abonné et chacun doit se sentir libre de pouvoir se désabonner d'un profil Twitter qui ne l'intéresse plus. Mais la meilleure stratégie sur Twitter est de créer un canal d'information et un support de communication crédibles, pas de collectionner les abonnés. Les conversations, la réciprocité et la rédaction de tweets originaux et intéressants sont des passages obligés pour développer sa réputation sur les réseaux sociaux.
Non seulement le nombre importe peu, mais les désabonneurs en série sont facilement repérables. Par exemple avec le service Unfollow.fr qui envoie une liste des désabonnements de la semaine par email (c'est paramétrable) et permet de les dégommer automatiquement. Le marketing internet ne convient pas aux délicats, je vous le concède ;-)