Sur Twitter, beaucoup de professionnels utilisent une tactique qui va à l'encontre des principes élémentaires du marketing. Je parle bien entendu de la pratique qui consiste à s'abonner à un profil Twitter, attendre quelques jours que le propriétaire du profil s'abonne en retour, puis stopper en douce l'abonnement (unfollower en jargon Twitter).

Pourquoi agir ainsi ? Tout d'abord, pour donner l'illusion d'une pseudo notoriété. En effet, une célébrité, par exemple Roger Federer, génère facilement de nombreux abonnés sans avoir besoin de suivre beaucoup de monde. On parle d'un bon ratio abonnements/abonnés. L'amélioration à tout prix de ce ratio est un objectif très enfantin: j'ai plus d'amis que toi ou de fans, etc. Mais le manque d'attention est certainement le talon d'Achilles des réseaux sociaux et avoir une audience qui ne vous lit pas n'apporte aucun bénéfice réel. D'autant plus que cette stratégie doit être constamment répétée pour ne pas voir s'éroder son nombre d'abonnés. En effet, les désabonneurs en série sont facilement repérables, par exemple avec ce genre de services qui permettent de les dégommer automatiquement. Le marketing sur Twitter ne convient pas aux délicats.

Quelle première impression donne une entreprise qui truande ses abonnés sur Twitter ? Une simple recherche sur l'e-réputation des profils Twitter le montre: de nombreuses victimes écrivent rageusement des Tweets vengeurs du type: X m'a unfollowé (sic). Unfollower est tellement mal perçu que certains n'hésitent pas à l'utiliser comme mesure de représailles. Notez qu'il faut quand même bien commencer par follower ceux qu'on aime pas, ce qui est piquant lorsqu'on connait le sens de follower en anglais (Platon était un follower de Socrate).

Unfollower est devenu une mesure de représailles

Unfollower est devenu une mesure de représailles !

Pour en revenir à ce fameux ratio, la publication en mars 2023 du code source de Twitter a permis de constater que c'est un paramètre parmi d'autres dans son algorithme. Twitter l'utilise aussi pour limiter les abonnements sans réciprocité, afin de diminuer le spam. Au-delà de 5'000 abonnés, un équilibre doit être maintenu entre le nombre d'abonnements et d'abonnés. D'un point de vue pratique, comme le permet Twitter, des listes ont été créées pour effectuer une veille des tweets de certains comptes sans les suivre formellement et éventuellement sans qu'ils le sachent. Mais au final, un abonné suivi se sent flatté et une réputation se construit comme dans la vraie vie par l'attention portée à ces petits détails et par un certain respect accordé aux personnes qui s'intéressent à la marque. Bien entendu, je ne suis pas en train de dire que la meilleure stratégie est de suivre chaque abonné et chacun doit se sentir libre de pouvoir se désabonner d'un profil Twitter qui ne l'intéresse plus. Mais l'amélioration du ratio se fera naturellement sur le long terme en créant un canal d'information et un support de communication crédibles, pas en collectionnant les abonnés par des moyens détournés. Les conversations, la réciprocité et la rédaction de tweets originaux et intéressants sont des passages obligés pour développer à long terme la réputation d'une marque sur les réseaux sociaux.