La popularité des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter incite les entreprises à investir du temps et des ressources financières pour créer le contenu qui doit alimenter continuellement leur présence en ligne. Cet investissement peut être réalisé en partie au détriment du blog ou du site maison. La question peut se poser pour une PME ou un indépendant avec un budget limité: les sites web et les blogs sont-ils devenus obsolètes ?

Facebook, Twitter ou Google qui vivent de leurs recettes publicitaires se garderont bien entendu de dire le contraire. Ils cherchent avant tout à conserver les globes oculaires (les visiteurs) le plus longtemps possible en proposant une offre internet complète allant du moteur de recherche au réseau social.

Face à ces mastodontes qui écrivent les règles du jeu comme bon leur semble, avoir une présence en ligne sans créer de blog ou de site web indépendants est un choix risqué. C'est un peu comme habiter chez des amis. C'est sympa un moment, mais on n'est pas chez soi et on est à la merci de devoir trouver rapidement un autre logement, si les relations s'enveniment.

Facebook n'hésite pas à modifier son algorithme de classement pour limiter les publications organiques des marques et des médias sur les timelines de ses utilisateurs, afin de favoriser ses revenus publicitaires. Peu lui importe les investissements consentis par ses partenaires. Ses produits, ce sont vous et moi: les informations personnelles de plus de 50 millions de personnes ont été transmises à une société, Cambridge Analytica, pour influencer des élections, dont celle du président des États-Unis ou le référendum sur le Brexit en 2016. En 2018, nouveau scandale, les comptes de 50 millions d'utilisateurs sont exposés et Facebook a modifié son algorithme pour empêcher les utilisateurs de publier des informations sur cette faille de sécurité.

Twitter a mis en parenthèse sa fonction "Moments", très utilisés par les artistes pour présenter leur travail, en rendant l'ajout de nouveaux tweets très difficile. Ce n'est rien comparé aux utilisateurs de MySpace qui ont perdu 12 ans de documents multimédias divers ou ceux de Yahoo Groups qui ont vu disparaître les contenus de leurs conversations. Google a abandonné son réseau social Google+ et a fermé les portes de son service Google Business Profile faute d'engagement suffisant des utilisateurs en supprimant 21.7 millions de sites web créés avec cette plateforme. Sur Facebook des utilisateurs professionnels voient régulièrement leur compte restreint sans explication, voire complètement supprimé (exemple).

Blocage de compte
Blocage d'un compte Facebook de 30'000 abonnés

Les méthodes et le niveau d’accès aux informations par des interfaces de programmation (API) changent régulièrement au grand dam des utilisateurs et des développeurs d'applications tierces. C'est ce qui est arrivé à Crowdfire, une application de contrôle des abonnés Twitter.

Les utilisateurs des réseaux sociaux doivent respecter des conditions d'utilisation très précises et, dans le cas contraire, leur compte peut être suspendu ou supprimé  sans préavis. Une page Google MyBusines peut être suspendue à chaque instant sans préavis, si elle ne respecte pas l'une des nombreuses consignes établies par Google. Votre seul recours dépend alors de la bonne volonté d'un modérateur de la firme de Mountain View. De plus, savez-vous que vos concurrents peuvent la modifier sans votre consentement ? Pire, vous êtes amené à recorriger la page manuellement à chaque fois.

Il est normal d’avoir des règles d’utilisation, par exemple en ce qui concerne la protection des droits d’auteur ou le spam. Mais il est aussi évident que dans une relation donnant/donnant, où le réseau social apporte sa visibilité et l’utilisateur l’enrichit par ses interactions, les possibilités d’expression restent limitées par de nombreuses restrictions qui ne bénéficient qu’au premier. Par exemple, Facebook a des règles très précises sur l’aspect des couvertures de son nouveau format de pages et interdit d’y ajouter des adresses de contacts ou des liens.

Vous ne pouvez pas non plus faire ce que vous voulez avec votre compte de réseau social. Vendre votre page ou votre pseudo en tant que tels est contraire aux conditions d’utilisation des réseaux sociaux. En revanche, si vous possédez un site web ou un blog avec un nom de domaine et un hébergement propre, rien ne vous empêche de les vendre en incluant dans la transaction les comptes Twitter, Facebook ou Youtube associés. Il existe de véritables places de marché pour les échanges de noms de domaine ou de sites web.

Au-delà de l’aspect mercantile, le fait d’être propriétaire de son site web est une garantie d’indépendance rédactionnelle. En effet, les articles publiés sur les réseaux sociaux peuvent être censurés de manière arbitraire (par exemple, rechercher sur Google Facebook censure médias ou lire cet article sur la désactivation du compte de Chris Leydon, un producteur britannique indépendant). Des plateformes plus petites peuvent disparaître complètement pour des raisons économiques, c'est ce qui est arrivé aux blogs du journal Le Temps.

Créer son site avec un CMS open source comme Joomla, Wordpress ou Drupal vous garantit la propriété et l'usage de vos données, une très grande flexibilité sur les fonctionnalités et les technologies à utiliser et permet de changer facilement de fournisseur en cas de problème.

Bref, sur internet, l’adage «on n'est jamais si bien servi que par soi-même» reste une nécessité et la réalisation de son propre site web ou blog une priorité.

Source: 40 Ways to Get Banned From the Top 5 Social Networks